A la veille de la participation du Cardinal Parolin à la signature des accords en Colombie, Mgr Francesco Follo présente

LE SAINT-SIEGE ET LA DIPLOMATIE : des premiers nonces du Concile de Calcédoine à l’action diplomatique du Pape François

Une analyse de la Diplomatie du Saint-Siège à partir des apocrisiaires jusqu’à nos jours

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A la veille de la participation de S.Em. le Cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’Etat de Sa Sainteté le Pape François, à la signature des accords de Paix entre le gouvernement de la Colombie et les FARC, Mgr Francesco Follo présente une analyse de la Diplomatie du Saint-Siège.
En effet, l’accord qui sera signé le 26 septembre prochain à Carthagène est un accord historique qui vise à arrêter une guerre qui dure plus de 50 ans. La présence du Cardinal Parollin est un signal très fort de l’importance de la diplomatie du Saint-Siège au niveau international.
Mgr Francesco Follo saisit l’occasion pour présenter une analyse de la Diplomatie du Saint-Siège à partir des premiers nonces « Ambassadeur du Pape chargé d’une mission ecclésiale (auprès d’une église locale) et diplomatique (accrédité auprès d’un gouvernement) déjà présents dans l’année 453 à la fin du Concile de Calcédoine » jusqu’à nos jours.
Le parcours, riche en détails historiques et anecdotes, réserve une attention particulière à la diplomatie du Saint-Siège au niveau multilatéral et à l’action internationals du Pape François.

Quelques extraits :
« Un exemple de médiation que je voudrais mettre en relief est la médiation de Pape Jean XXIII à l’occasion de la crise des missiles de Cuba :
Le 25 octobre 1962, le Pape adressa aux peuples du monde et aux gouvernants un radio message avec un appel en faveur de la paix dans le monde. Le radio message fut diffusé par Radio Vatican et diffusé en différentes parties du monde.
A cet égard, le Pape Jean XXIII écrit une lettre au président soviétique Khrouchtchev dans laquelle il l’exhortait à prouver concrètement l’intérêt de l’Union Soviétique à préserver la paix. Le Pape Jean XXIII s’adressa au président soviétique avec ces mots : « Si vous aviez le courage de réclamer les installations de missiles, vous prouveriez votre amour non seulement pour votre nation, mais pour la famille humaine tout entière. Vous passeriez à l’histoire comme un des pionniers d’une révolution de valeurs basées sur l’amour. Vous pourriez affirmer ne pas être religieux, mais la religion n’est pas un ensemble de règles, mais plutôt l’engagement à l’action dans l’amour de toute l’humanité, amour qui, lorsqu’il est authentique, s’unit à l’amour de Dieu si bien que, même si on n’en prononce pas le nom, on est religieux »


"Il est important de faire référence au rôle du Saint-Siège dans la diplomatie multilatérale.
Le Saint-Siège par le biais des Missions d’Observation Permanentes est accrédités auprès des toutes les agences des Nations Unies ainsi que auprès de l’Union Européenne, du Conseil de l’Europe. Il participe aussi aux activités d’autres Organisation notamment l’Organisation des Etats américains et la Ligue des Etats arabes2.
C’est dans ce contexte que le Saint Siège se pose comme un acteur super partes qui affiche son autorité morale plutôt que politique. A ce propos, dans son intervention aux Nations Unies en 1965, Paul VI souligna le rôle de l’Eglise en tant qu’experte en humanité.
Si on compare le Code de Droit Canonique qui indique parmi les tâches du Représentant Pontifical celle de « se mettre en oeuvre pour promouvoir tout ce qui regard la paix, le progrès et la coopération entre les peuples » (can. 364,5) et le Préambule de l’Acte constitutif de l’UNESCO qui récit « Que les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix » on peut remarquer le parallélisme de pensée entre les deux entités.
En effet, au niveau international, l’action du Saint-Siège retrouve un terrain encore plus vaste : l’Unesco est toujours une scène privilégiée où on peut discuter de plusieurs sujets qui, ensuite, peuvent rejoindre le monde entier."

« Mais qu’est-ce qu’il dit le Saint-Siège aux membres des Nations Unies  ?
- Les Nations sont toutes pareilles : il n’y a pas de grandes et petites Nations. Toutes ont la même dignité. Chacune a le droit de sauvegarder et défendre la propre indépendance, identité culturelle et de conduire ses affaires en autonomie et indépendance.
Mais les Nations sont aussi solidaires. Le Pape utilise souvent l’expression « famille des Nations » et de ce fait, il existe aussi un « bien commun international ».
Dans ce contexte la guerre doit toujours être refusée et la priorité doit être donnée à la négociation et à l’utilisation des moyens juridiques.
L’action du Saint-Siège a pu, ainsi, contribuer plusieurs fois à créer une ambiance de grande confiance parmi les partenaires internationaux et à plaider pour la formation d’une nouvelle philosophie des rapports internationaux qui devrait conduire :
- à une réduction progressive des dépenses militaires ;
- au désarmement effectif ;
- à la promotion de l’éducation pour tous, une éducation inclusive et de qualité ;
- au respect des cultures, des traditions religieuses et de la liberté religieuse ;
- à la solidarité avec les pays pauvres, en les aidants à être eux-mêmes les artisans de leur propre développement »

"Je veux conclure en citant une dernière anecdote qui permet de comprendre la puissance de la mission du Saint-Siège : à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, quand la ville de Berlin avait été presque complètement détruite juste après la capitulation de l’Allemagne de Hitler, lorsque les soviétiques demandaient avec insistance auprès de quelle Nation était accrédité le Nonce Apostolique (Monseigneur Cesare Orsenigo, Ambassadeur du Saint-Siège) qui s’engageait pour défendre les victimes de guerre, le représentant français des Alliés répondit catégoriquement : « Auprès de sa Majesté la misère humaine ».

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