Intervention de Mgr Vincenzo Zani à l’occasion de la table ronde ministérielle sur le thème « l’éducation doit viser l’unité de la famille humaine et son développement dans le bien »

Éduquer pour l’unité de la famille humaine : Mgr Vincenzo Zani à la 35e session de la Conférence Générale de l’UNESCO

Maison de l’UNESCO, le 9 octobre 2009

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Lors de la 35e session de la Conférence Générale, Mgr Vincenzo Zani, représentant du Saint-Siège et sous-secrétaire de la Congrégation pour l’éducation catholique, a tenu une allocution faisant part de la perspective catholique sur l’éducation. Il a notamment évoqué l’éducation au développement durable et celle au dialogue. Il a aussi parlé des enjeux de l’éducation des adultes et de la formation permanente. Voici son texte :

« Monsieur le président,

Le Saint-Siège attache une grande importance à l’éducation et suit avec un intérêt particulier les questions éducatives. Il partage les efforts de la communauté internationale, afin que l’éducation soit pour tous de qualité, et devienne un moteur du développement pour la famille humaine entière. L’éducation contribue ainsi à la paix, à la concorde entre les peuples et à l’épanouissement de chaque personne. L’éducation joue un rôle fondamental dans de nombreux domaines ; certains d’entre eux ont fait l’objet d’amples réflexions durant les récentes Conférences internationales promues par l’UNESCO.

L’inclusion dans l’éducation, dont il était question à la 48e Conférence internationale sur l’éducation (Genève, 25-28 novembre 2008), demeure un défi et un objectif à atteindre. Le Saint-Siège sait qu’il est urgent de favoriser un plus grand accès à l’éducation, mais également une inclusion plus significative, pour une vraie solidarité. Le Pape Benoît XVI a récemment rappelé que

Une solidarité plus large au niveau international s’exprime avant tout en continuant à promouvoir, même dans des situations de crise économique, un meilleur accès à l’éducation, qui est, par ailleurs, la condition essentielle pour que la coopération internationale elle-même soit efficace. (Caritas in Veritate, n. 61)

De fait, la problématique de l’inclusion ne se limite pas au domaine de l’éducation, mais concerne avant tout les droits de l’homme et les orientations de la politique générale d’un pays. Néanmoins, l’éducation et l’école, mais aussi la formation permanente, sont des instruments efficaces pour sortir de l’exclusion. Une éducation efficace de l’inclusion exige une pluralité de structures et d’acteurs éducatifs, ainsi qu’une collaboration active entre familles, enseignants, professeurs et éducateurs, jeunes eux-mêmes, organisations non gouvernementales, Églises, communautés religieuses et autres personnes qui, à différents niveaux, contribuent au processus de formation. Cette synergie est une application du principe fondamental de la subsidiarité.

En ce qui concerne le Saint-Siège, il désire contribuer au dialogue interculturel et multi-religieux, à travers ses institutions scolaires et universitaires. Celles-ci dispensent une formation non seulement professionnelle, mais également intégrale de la personne. De fait, le Saint-Siège est bien conscient des possibilités croissantes dans la rencontre des cultures, « ouvrant de nouvelles perspectives au dialogue interculturel ; un dialogue qui, pour être réel, doit avoir pour point de départ la conscience profonde de l’identité spécifique des différents interlocuteurs » (Caritas in Veritate, n. 26). En effet, les projets éducatifs qui s’engagent à intégrer la perspective interculturelle, peuvent encourir deux dangers : celui de l’éclectisme culturel, excluant la dimension critique, ou à l’opposé, celui du nivellement des cultures et de conformisme des comportements et des styles de vie. Si l’on veut éviter ces dangers, il faut recourir à une discipline propre à tout dialogue qui garantisse la rencontre des diverses identités culturelles, dans une relation réciproque juste et respectueuse.

Si la dimension religieuse et spirituelle est reconnue comme constitutive de la nature de l’homme, le dialogue à l’école peut aider efficacement à dépasser toute forme de fanatisme et de fondamentalisme. Toutes ces réalités détournent les ressources humaines de leur engagement pour la paix et la construction d’un pays. Conscient de cela, le Saint-Siège continuera d’offrir sa contribution à travers les institutions éducatives catholiques. Il s’agit d’environ 200.000 institutions scolaires, fréquentées par un peu moins de 45 millions d’élèves et environ 3.500.000 enseignants, et également quelques 1.400 universités catholiques et 800 Instituts ecclésiastiques.

La dégradation et la pollution de l’environnement sont souvent l’expression d’une culture qui déconstruit la convivialité humaine. Une éducation toujours plus attentive à l’environnement doit aider l’homme à corriger les excès du consumérisme. Adopter des styles de vie où la recherche de la vérité, de la beauté et de la bonté détermine les options personnelles et collectives, conduit ainsi au respect de la nature. En effet,

il ne s’agit pas seulement de trouver des techniques qui préviennent les dommages, même s’il est important de trouver des énergies alternatives, entre autres. Mais tout cela ne sera pas suffisant si nous-mêmes ne trouvons pas un nouveau style de vie, une discipline faite également de renoncements, une discipline de la reconnaissance des autres, auxquels la Création appartient autant qu’à nous qui pouvons en disposer plus facilement ; une discipline de la responsabilité à l’égard de l’avenir des autres et de notre propre avenir. (Rencontre du Pape Benoît XVI avec le clergé du diocèse de Bressanone, 6 août 2008)

Pour cela, rappelait encore le Pape dans sa dernière encyclique :

Il faut des sages de réflexion profonde, à la recherche d’un humanisme nouveau, qui permette à l’homme moderne de se retrouver lui-même. (Caritas in Veritate, n. 26 citant Populorum Progressio, n. 20)

L’éducation des adultes et la formation permanente, thème du prochain CONFINTEA VI, sont appelées à favoriser d’une part la croissance personnelle et de l’autre le service de la société et du bien commun.

L’éducation des adultes et la formation permanente s’imposent comme un problème urgent en raison des transformations socioculturelles et des mutations à l’intérieur même du monde professionnel où l’adulte doit être le sujet actif et non le jouet des événements. Il ne faut cesser de garantir l’équilibre harmonieux entre les droits de chaque personne, ses devoirs à l’égard de sa communauté d’appartenance, et sa responsabilité dans ses choix de vie (mariage, famille, éducation des enfants).

Monsieur le Président,

Dans une société mondialisée, l’éducation doit viser à l’unité de la famille humaine et à son développement dans le bien qui favorise une culture respectueuse des personnes et des communautés et ouverte à la transcendance. Une telle éducation peut servir concrètement le processus d’intégration planétaire. L’urgence d’éduquer à la citoyenneté active et responsable se conjugue avec le développement harmonieux de la personnalité de chaque homme appelé à vivre non seulement avec les autres, mais aussi pour les autres”. »

Pour consulter les actes de la 35e Conférence Générale :
http://unesdoc.unesco.org/images/0018/001864/186470f.pdf