UNESCO 2019

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE : REFLECHIR SUR L’HUMAIN ET IMAGINER LE FUTUR

Réflexion historique, philosophique et éthique dans le cadre de la 40ème Conférence Générale

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Dans la continuité de la 40e Conférence générale de l’UNESCO (12-27 novembre 2019), la Délégation permanente du Saint-Siège propose les points de réflexion suivants, en vue de la préparation d’un texte juridique sur l’éthique de l’intelligence artificielle, débattu à la 40e session de la Conférence générale (Document 40 C/67) et à adopter en fin à la 41ème Conférence Générale de l’UNESCO.

Le 21 novembre 2019 un événement parallèle à la 40e Session de la Conférence Générale de l’UNESCO a eu lieu. C’était une table ronde organisée conjointement par la Commission Française pour l’UNESCO et le Programme pour la Gestion des transformations sociales (MOST), qui s’insère dans le Secteur Sciences Sociales et Humaines de l’UNESCO. La table ronde était autour de la question « QU’EST-CE QUI NOUS REND HUMAIN ? » selon des perspectives philosophiques de l’Intelligence artificielle, à l’occasion de la journée internationale de la philosophie. Les participants, parmi lesquels M. Christian Byk, vice-président du Comité intergouvernemental de bioéthique, et le programme figurent dans le fichier ci-après :

Par ailleurs le Secteur Sciences Sociales et Humaines a organisé le 18 septembre 2019 un séminaire intitulé “Transformer le Futur sur les « Images du futur dans la ’littérature de l’anticipation’ en français »”. Le séminaire a été introduit par M. Riel Miller, chef de la section Littératie du Future du Secteur Sciences Sociales et Humaines de l’UNESCO. En suite le thème a été bien expliqué par M. Pierre-Antoine Marti, doctorant en Histoire à l’École des hautes études en sciences sociales. Le but final est d’essayer de donner des inputs pour réfléchir de manière innovante sur le future des sociétés jusqu’à déterminer leur “compréhension de ce que cela signifie être un être humain”.

Pour comprendre l’argument du séminaire, il faut rappeler que l’UNESCO est un laboratoire d’idées et en tant que tel depuis 2012 il travail pour le développement de la Littératie du Future et la discipline d’anticipation, à travers les ouvrages, les laboratoires, les rencontres entre intellectuels et ses chairs dispersées par le monde.

Lors du séminaire, le doctorant M. Pierre-Antoine Marti a expliqué comment à partir de l’époque moderne l’espace et le temps s’ouvrent vers le future, vers le progrès. Il y a eu le passage de l’eschatologie à l’utopie. Le christianisme a déclaré sa manière de concevoir le future, en l’identifiant au retour du Messie et au jugement final. La modernité voit plutôt son future dans l’accomplissement de l’homme, dans son progressif perfectionnement. Il semble toutefois que l’actuel “fin du sens” a remplacé l’attendu “fin du monde” des chrétiens.

La prospective moderniste est celle du dépassement de l’humain, qui sous-entend une lutte entre machine et homme. C’est le future de l’ “homme-cyborg”, l’homme dominé et modelé par la technologie. Cette idée pars d’une interprétation de l’évolution et de l’histoire humaine en termes de progrès technologique. Par conséquence, M. Marti nous explique, les actions à promouvoir dans le future proche seront la continuation de la conquête de l’espace, le trans-humanisme pour le perfectionnement humain à travers la science et l’intelligence artificielle et un gouvernement mondiale pour la paix universelle.

[Pour un approfondissement sur thème de l’ “augmentation de l’humain” selon une approche philosophique voir la note de bas de page.]

Finalement à propos des engagements futurs de l’UNESCO en matière d’éthique et progrès technologique, à la 40ème Conférence Générale de l’UNESCO, les États membres de cette Organisation ont débattu sur le texte d’un Étude préliminaire en vue d’un instrument normatif sur l’Éthique de l’Intelligence Artificielle, un texte normatif à proposer à l’adoption de la 41ème Conférence Générale de l’UNESCO (Document 40 C/67). Le Saint-Siège, lors de la réunion de la Commission Sciences Sociales et Humaines, a pu s’exprimer sur le sujet, à traver une intervention disponible ci-après :

Père Brice de Malherbe à propos de l’instrument normatif sur l’éthique de l’intelligence artificielle

Pour savoir plus sur l’intelligence artificielle voir :
https://www.assau.org/intelligence-artificielle
Pour d’autres info sur le Secteur Sciences Sociales :
https://www.assau.org/unesco-intervention-du-saint-siege-665

[[Le thème de l’ “augmentation de l’humain” selon une approche philosophique a été au cœur aussi d’une conférence, qui a eu lieu le 24 octobre, organisée grâce à la collaboration entre l’Académie Royale de Belgique et la Délégation générale Wallonie-Bruxelles en France.

La conférence sur le titre "Au-delà de l’humain" a été introduite par M. Marc Clairbois, Délégué général de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie en France et en suite présidée par le philosophe et médecin M. Jean-Noël Missa, Directeur de recherches au Fonds national de la recherche scientifique, Professeur à l’Université libre de Bruxelles et membre de l’Académie Royale de Belgique. Le Professeur a présenté les thématiques suivantes :

  • Modifier l’homme pour coloniser l’espace, selon la prospective d’une modification génétique des astronautes pour mieux adapter leur corps à l’espace, en vue de la colonisation des planètes. Les recherches dans ce champ ne cachent pas leur intention de perfectionnement de l’homme, par exemple en essayant de ralentir le vieillissement.
  • La frontière entre thérapeutique et mélioratif, qui semble désormais disparaître face à une science et médecine qui se plie au désire et à la volonté individuelle (Semble-t-elle la volonté du plus riche et plus fort ?). La bio-médecine peut développer des solutions pour des “enfants meilleurs, des performance supérieures, des corps sans age, des âmes heureuses”. Le Professeur souligne comment les techno-sciences peuvent répondre à ces exigences actuelles, même si l’idée de bonheur reste dépendante “des sensibilités philosophiques de chacun”.
  • La machine à écrire génétique, qui nous appelle à la technique émergente de l’édition du génome humain. Une photo publié par le Professeur montre “l’enfant rêvé”, avec une intelligence et un corps idéalement parfait, qui soulève des questions de bioéthiques et de morale. D’après lui l’idée de “jouer à Dieu” est seulement une question de limite entre destin et liberté, où le premier dépend de nous, pour arriver finalement à une libre “choix génétique”. Il prospecte un future où, en présence d’enfants génétiquement modifiés à leur naissance, un garçon pourra reprocher ses parents pour ne pas l’avoir modifié.
  • L’idée de transcendance noire, c’est-à-dire l’opacité autour de l’avenir de l’homme modifié par les techno-sciences dans une époque post-humaniste dont les risques semblent imprévisibles.
  • Le trans-humanisme est-il un humanisme ?, selon le titre d’un œuvre de Gilbert Hottois, une question que le Professeur aborde pour arriver à la conclusion qu’il faut une “humanisme évolutionniste”, qui accepte les modifications techno-physiques et naturelles de l’homme.

Sur cet argument l’UNESCO serait impliqué à travers son Comité international de bioéthique (CIB) et sa Déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme (1997).

Le Délégué général de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Wallonie en France , M. Marc Clairbois, intervient à la fin de l’exposition du Professeur, avec ces questions :

la volonté de l’homme d’aller au-delà des ses propres capacités est-il naturelle ou construite socialement dans des sociétés signées par une “folie collective de grandeur” ? Est-ce qu’il y a le risque de l’émergence de nouvelles inégalités face à une future qui nous rappelle le roman d’Orwell ?

Le Professeur lui répond en soutenant l’existence d’une relative autonomie de la technique, qui décide son Agenda et ses temps. A son avis, le futur sera caractérise par des machines avec “une expérience intérieure”, une conscience. Une techno-science dans des sociétés démocratiques pourra éviter des nouvelles formes de totalitarisme.

En suite il est proposé au lecteur un essai sur l’intelligence artificielle écrit par Mgr Francesco Follo, Philosophe et Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO, qu’explique les éléments qui distinguent l’homme vis-à-vis de la machine :

https://assau.org/gros-plan-l-intelligence

Article rédigé par Dr Deborah VERALDI

Document(s)

LE BUT DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE - MGR FRANCESCO FOLLO


Document 40 C/67 ETHIQUE DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE




Père Brice de Malherbe à propos de l’instrument normatif sur l’éthique de l’intelligence artificielle