UNESCO et MUSEE D’ORSAY PARIS

LE MODÈLE NOIR : DE GÉRICAULT À MATISSE

Blancs et noirs sur une même surface, de la peinture et de l’histoire

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Henri Matisse, Aicha et Lorett, 1917. Collection_particuliere. Détail

Jeudi 21 mars, Madame A. Azoulay, Directrice Générale de l’UNESCO, et Laurence des Cars, Présidente du musée d’Orsay et de l’Orangerie, ont invité les Délégations permanentes auprès de l’UNESCO à participer à une conférence exclusive sur l’exposition "Le Modèle Noir : de Géricault à Matisse". Monseigneur Francesco FOLLO, Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO y a également participé.

Invitation exclusive à la conference sur l’esxposition Le modèle noir de Gericault à Matisse

Inaugurée le mardi 26 mars aux musées d’Orsay à Paris, l’exposition "Le modèle noir : de Géricault à Matisse" s’ouvre au public sous forme d’unicum, avec l’intention d’ouvrir en France la voie à l’étude systématique et à la reconnaissance du rôle crucial que les hommes et femmes noirs ont joué dans l’histoire de l’art et de la littérature.
« La première du genre en France », explique Laurence des Cars, Présidente des Musées d’Orsay et de l’Orangerie, avec Stéphane Guégan, conseillère scientifique du Président de l’exposition et co- curateur : l’exposition se veut pionnière dans l’étude de la condition des Noirs, couvrant plus de deux siècles d’histoire depuis le 19ème siècle. Peintures, portraits, têtes en plâtre et bustes en bronze sont accompagnés de cahiers, de textes illustrés et de poèmes qui chantent les regards des hommes opprimés et la beauté maternelle des femmes noires.

Marie Guillemine Boonoist, Portrait de Madelaine, 1800. Paris, Musée du Louvre. Détail

Le cadre historique est bien défini : le décret des Archives nationales de l’Abolition de l’esclavage dans les colonies françaises du 4 février 1794 a été exposé, ainsi qu’une remarquable documentation papier qui touche aux signes les plus bruyants du XIXe siècle où l’oppression de nombreux Noirs s’est maintenue si tard.

Traversant l’espace d’exposition, deux nœuds se desserrent pour le visiteur : sur le plan historique et narratif, l’exposition propose des outils, des témoignages, des documents comme des pièces d’une histoire qui a injustement subordonné les Noirs à leurs oppresseurs ; d’autre part, l’ensemble de l’exposition se retrouve avec un motif récurrent, ce qui ne lui donne pas par hasard son titre : le modele noir. Les deux volets de lecture ne doivent pas être compris comme distincts l’un de l’autre ou placés dans un ordre hiérarchique, mais clarifier ensemble l’essence de l’exposition coulant parallèlement comme deux courants qui deviennent de temps à autre l’affluent de l’autre.

Théodore Géricault, Etude d’un homme, d’apres Le modele Joseph, 1818-1819. Los Angeles, Paul Getty museum. Détail

La main des artistes nous rappelle par la preuve de la représentation de la manière dont la réalité des faits s’est déroulée : le visiteur est présenté avec la réalité historique dans une polyphonie de documents et d’œuvres comme un témoignage plein d’anecdotes d’idées, de sensibilités et de représentations. Une question claire et provocante se pose que les deux commissaires ont su bien formuler au cours de l’exposition : combien les modèles de peau sombre ont fasciné les artistes au point de déterminer une transformation de l’histoire de l’art et pourquoi ce thème est resté invisible jusqu’ici : Nous affirmons, du cœur de la machine, que l’histoire de l’art n’est pas figée - dit des Cars.

Edouard Manet, Olympia, 1863. Paris, Musée d’Orsay.

Bonoist, Biard, Géricault, Manet, Nadar, Faure, Matisse, Gauguin sont quelques-uns des artistes présents dans les œuvres qui se révèlent être les prochains observateurs, aux XIXe et XXe siècles, des souffrances et de la condition inacceptable de subordination des noirs. Alors que la première partie de l’exposition se concentre sur les événements dramatiques de l’abolition de l’esclavage (1794-1848), une deuxième partie reprend le goût de la peinture avec Manet, Bazille, Degas, Cézannee, offrant un panorama plus détendu de surfaces épidermiques contrastantes, roseâtres et brunes. Le troisième et dernier moment de l’exposition est la première avant-garde du XXe siècle où la contribution réelle des Noirs à l’ouverture d’un nouveau modèle dans l’histoire de l’art émerge, libre.

Les paroles prophétiques de l’apôtre Paul refont surface à un chrétien qui s’approche des dernières salles :
Il n’y a ni Juif ni Grec ; il n’y a ni esclave ni homme libre ; il n’y a ni homme ni femme, parce que vous êtes tous un en Jésus Christ.
(Galates 3.28)

Joseph-Léon-Roland de Lestang-Parade, Mort du Camoens, 1834. Aix-en-Provence, musee Granet. Détail

Voir la critique :
https://assau.org/du-realisme-de-courbet-a-la

Article rédigé par Dr Elena DE PANFILIS