Lettre de Monseigneur Francesco Follo aux lecteurs et lectrices

Regards croisés : bilan et perspectives

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Mgr Francesco Follo, Observateur émerite du Saint-Siegè auprès de l’UNESCO

Chers lecteurs, Chères lectrices,

Beaucoup d’entre vous se sont peut-être demandé pourquoi le site web des Amis du Saint-Siège auprès de l’UNESCO (www.assau.org)­ n’a pas été mis à jour depuis longtemps. La raison principale n’est pas l’éclat de la pandémie de Covid-19, mais le fait que le 30 novembre 2021, le pape François a nommé un nouvel Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO. En effet, le 22 octobre 2021, j’avais célébré mon 75e anniversaire, l’âge de la retraite pour les chefs de mission du Saint-Siège.

Les presque vingt années que j’ai passées en tant qu’Observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’UNESCO ont été pour moi une période vraiment intense, car elle a été caractérisée par des changements si profonds qu’il a fallu changer de paradigme d’interprétation pour mieux lire les nouvelles visions de la vie et du monde. Pour ma part, en harmonie avec le magistère pontifical et en dialogue avec les supérieurs de la Secrétairerie d’État, j’ai essayé d’accompagner ce processus avec le plus grand réalisme possible et une intelligence éclairée par la foi.

Lorsque j’ai pris mes fonctions à l’UNESCO le 4 juillet 2002, le choc mondial provoqué par l’attaque des Tours Jumelles (11 septembre 2001 à New York ) était encore très présent. J’ai pressenti qu’il fallait ne pas céder à la logique du choc des civilisations. C’était un choc d’ignorance, car les vraies cultures se rencontrent et se fécondent mutuellement, elles ne s’élident pas.

Par conséquent, j’ai consacré du temps et de l’énergie, bien aidé par Madame Florence Motte et une équipe d’experts et de jeunes stagiaires qui m’ont permis de suivre le travail diplomatique e culturelle de l’UNESCO. Grâce à eux j’ai pu aussi organiser des événements pour miex faire connaitre l’activité de l’Eglise dans les domaines de l’éducation, de la culture et des sciences. En outre j’ai publié des livres (il y en a eu 14) et prononcer des discours (plusieurs dizaines), notamment lors du Conseil exécutif et de l’Assemblée générale de cette agence intellectuelle, qui permettent de réfléchir et de mettre en œuvre de bonnes pratiques de confrontation et de réflexion pour un dialogue interculturel et interdisciplinaire efficace.

Grâce à ma formation philosophique avec une thése de doctorat en lingistique computationelle et ma passion personnelle pour les technologies de l’information et de la communication m’ont aidé à contribuer, non seulement à titre personnel mais aussi au nom du Saint-Siège, à la proposition d’un humanisme intégral, qui tiendrait compte de l’apport de l’intelligence artificielle sans oublier le problème anthropologique qu’elle implique.

Naturellement, dans mon service à l’UNESCO en tant que représentant du Saint-Siège, j’ai fait connaître le magistère des Papes : Jean-Paul II, Benoît XVI et François sur les thèmes de l’éducation, de la science en dialogue fructueux avec la foi, pour un développement humain intégral.

La contribution que j’ai essayé d’apporter n’était pas seulement liée à une étude théorique approfondie, mais avait une implication pratique en contribuant à la rédaction des différentes conventions régionales et, finalement, à la Convention mondiale pour la reconnaissance des qualifications pour les écoles secondaires et les universités. Cela a également permis au Saint-Siège de ratifier ces conventions, protégeant ainsi le système éducatif catholique dans le monde entier, garantissant la qualité des études et l’intégration des étudiants des différents instituts catholiques dans un plus large contexte global.

Toujours dans le domaine du Patrimoine culturel mondial, dont le Saint-Siège est également un État partie, j’ai œuvré pour que la dimension culturelle des différents monuments d’intérêt religieux (églises, temples, mosquées, etc.) soit respectée. Je pense en particulier à la restauration de la magnifique cathédrale Notre Dame de Paris.

Bien sûr, il y a eu aussi des difficultés dues à la pandémie de Covid-19, mais l’environnement de l’UNESCO, une agora de pays et de cultures, a permis et permet encore de donner une véritable éducation au plus grand nombre, depuis l’alphabétisation jusqu’aux études universitaires.

Lors de ces conférences, organisées pour contribuer à la réflexion de l’UNESCO, et lors des différentes réunions organisées par le Secrétariat de l’UNESCO sur les différents thèmes et programmes décidés par les États, j’ai pris soin de cultiver des relations personnelles et institutionnelles avec les différents Ambassadeurs (avec tous, j’ai eu des excellentes relations, j’en rappelle eu pour sa valeur symbolique : celle avec l’Ambassadeur de l’Oman qui à la suite des polémiques artificieuses nées du discours de Benoit XVI à Ratisbonne le 12 septembre 2006, en ayant lu le texte pontifical vint dans mon bureau avec une lettre adressée au Pape comme homme de paix et du dialogue, et avec 5 kilos d’encens comme cadeau pour le Saint-Père. Ce geste a eu une importance très grande en tant qu’ accomplit par un Ambassadeur d’un Pays musulman qu, en e moment là, était aussi Président de la Conférence Générale de l’UNESCO. Quand nous entrons en relation avec les autres sans préjudices, nous faisons le premier par pour une culture de la rencontre), ainsi qu’avec les ONG, notamment celles d’inspiration catholique, pour prendre le pouls de la société civile et faire connaître l’expérience du terrain sur les différents thèmes relatifs à la culture, à l’éducation, aux sciences naturelles et exactes, aux sciences sociales et humaines, et à la communication et l’information.

S. Exc. Mgr Francesco Follo, intervention aux Conseil exécutif de l’UNESCO (2021)

Quant à moi, qui continue à être le président de l’Association des amis du Saint-Siège à l’UNESCO, je suis retourné à Crémone, mon diocèse d’incardination, où je suis chargé de la culture pour poursuivre l’heureuse intuition de saint Jean-Paul II qui répétait souvent : “Une foi qui ne devient pas culture n’est pas une foi mûre”. Je suis toujours membre du comité promoteur de la revue internationale OASIS pour le dialogue interculturel, notamment avec le monde islamique.

D’une manière différente, mais j’espère tout aussi utile, je poursuis le travail effectué pendant mes 20 années à la tête de la Mission permanente du Saint-Siège auprès de l’UNESCO en promouvant une série d’événements internationaux en France, en Italie, en Espagne et en Suisse. En effet, par le biais d’une exposition itinérante, de conférences et de concerts, j’ai coordonné des activités culturelles sur Sainte Thérèse de Lisieux dans différentes villes des pays susmentionnés, à savoir en France : Paris, en Italie : Rome, Crémone, Rimini, Pavie, Milan, en Suisse : Lugano, en Espagne : Avila.

Cette "petite", grande, jeune femme, en plus d’être docteur de l’Église, a été reconnue le 16 novembre 2021 à l’Assemblée générale de l’UNESCO comme une femme, écrivain, intellectuelle et chercheuse de sens par les 193 États membres de cette agence spécialisée des Nations unies (voir le discours de Son Eminénce le Cardinal Pietro Parolin à l’occasion de la 41ème Conference Gnénérale de l’UNESCO).

Ce faisant, tous ces pays ont accepté la proposition de la France, soutenue par la Belgique et l’Italie, d’honorer cette grande citoyenne française à l’occasion du 150e anniversaire de sa naissance (2 janvier 1897) à Alençon. Ainsi, non seulement l’Église mais le monde entier reconnaît la contribution de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus et de la Sainte-Face, comme une personnalité qui a contribué, et contribue encore aujourd’hui, à valoriser la femme, l’intelligence et la culture dans lesquelles se trouve la réponse à la question du sens de la vie.

La culture qu’elle a promue à travers sa vie et sa pensée n’a pas seulement aidé à "avoir plus" mais à "être plus". Ses intuitions pédagogiques ont aidé et aident encore les jeunes générations à entrer dans la vie réelle avec une capacité critique, systématique et constructive.
Enfin, la sagesse de l’amour que la Sainte de Lisieux a appris de Dieu dans sa courte vie montre encore que "l’on n’entre dans la vérité que par la charité".

Une autre activité que je poursuis et dont je rendrai compte sur notre site web est celle de promouvoir une réflexion théorico-pratique sur l’Unité des Savoirs et la pluralité de la connaissance, afin de parvenir à une cohérence de la connaissance qui est entravée par une fragmentation de la connaissance.

Mon successeur est Monseigneur Eric Soviguidi, né à Abomey (Bénin) le 21 mars 1971, ordonné prêtre le 10 octobre 1998, incardiné dans l’archidiocèse de Cotonou (Bénin). Arrivé à Paris le 7 janvier 2022, il a commencé avec mon aide fraternelle et il poursuit maintenant avec excellence depuis un an son service au nom du Saint-Siège à l’UNESCO (lien à l’article sur Mgr Soviguidi).

Rebienvenue, donc, et poursuivons notre chemin commun pour que, comme le dit le prologue de l’UNESCO : “Les guerres commencent dans l’esprit des hommes, et c’est dans l’esprit des hommes que les défenses de la paix doivent être construites”. Ce site veut continuer à être un pont de paix, car les cultures authentiques ne se heurtent pas, mais se fécondent mutuellement. Un prolongement qui ne vise pas seulement à favoriser la rencontre des cultures mais à construire une “culture de la rencontre” (Pape François).